8 Mars 2016

Avec la THR, les glaciers fondent plus vite

Regardez dans le rétroviseur avec des verres ultra performants et la fonte actuelle des glaciers vous apparaîtra 5 à 6 fois plus rapide qu’il y a 60 ans. C’est à peu près l’expérience que viennent de mener des glaciologues des universités de Sherbrooke (Canada), d'Uppsala (Suède) et du LEGOS en comparant les archives d’images aériennes à celles produites par le satellite Pléiades équipé de la Très haute résolution (THR).

Accélération de la fonte des glaces

Plongée dans le grand nord canadien. Là où le silence éternel des espaces infinis effraie l’homme. Plus précisément, là où se trouvent Grinnell et Terra Nivea, les 2 calottes glaciaires étudiées par une équipe internationale de chercheurs, sur la Terre de Baffin, au nord-ouest de la Baie d’Hudson, face au Groenland. Sur ces 2 calottes, les scientifiques ont mis en évidence une très forte accélération du processus de fonte des glaces si on le rapporte aux mesures enregistrées dans les années 50-60. La fonte de Terra Nivea est, par exemple, 6 fois plus forte entre 2007 et 2014 qu’entre 1958 et 2007, conséquence directe du réchauffement des régions arctiques (voir encadré, en bas). Ils s’appuient pour cela sur la comparaison entre des images aériennes prises depuis les années 50 et des images des satellites français Pléiades THR (pour Très Haute Résolution) acquises très récemment.

Même constat dans le massif du Mont-Blanc

Comment un calcul entre 2 technologies si différentes est-il possible ?

Les images satellite THR et les clichés aériens présentent des résolutions similaires qui rendent leur comparaison à la fois possible et éloquente. Mais encore faut-il s’assurer que le périmètre observé est identique sur les 2 images. Cette vérification se fait grâce aux points de contrôle (voir encadré ci-contre). L’analyse d’une photographie aérienne nécessite un grand nombre de ces points. "Ils sont très faciles à collecter dans des massifs comme les Alpes. Par contre, c’est  beaucoup plus compliqué, voire quasiment impossible, dans des régions reculées comme la Terre de Baffin" explique Etienne Berthier, glaciologue au LEGOS*.

Cette capacité à faire parler les archives est un véritable atout pour la THR

Et ce n’est pas tout : les images THR sont livrées avec des données auxiliaires, des métadonnées, qui décrivent précisément la position du satellite et surtout  l’angle de prise de vue. Cela permet de caler précisément l’image satellite sur la photo faite par avion. De cette façon, la mise en perspective d’images d’archives aériennes et d’images Pléiades de la période 2007-2014 a été l’occasion de reconstruire l’évolution des glaciers depuis une soixantaine d’années. « Cette capacité à faire parler les archives est un véritable atout pour la THR » conclut Etienne Berthier.

*Laboratoire d’études en géophysique et océanographie spatiales, à Toulouse.



 Image Pléiades du glacier Grinnel en Terre de Baffin, Canada (Etat du Nunavut) utilisée dans le cadre de cette étude. Crédits : CNES 2014, Distribution Aribus D&S.

Qu'est-ce qu'un point de contrôle ?

Les points de contrôle d’une image sont des repères utilisant des points stables, comme une intersection de routes déjà identifiée, un barrage, un pont… Pour mesurer l’évolution d’un glacier, un piton rocheux peut faire office de point de contrôle.

Quelles sont les raisons du réchauffement ?

Plusieurs phénomènes sont avancés pour expliquer cette hausse rapide des températures donc la fonte accélérée des glaciers : une plus faible présence de la banquise, des températures accrues en été, mais aussi une période de fonte plus longue, encadrant l’été de part et d’autre.

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