17 Décembre 2020

[Vendée Globe 2020] Des skippers et des balises

Journal de bord #5 – Danielle de Staerke, responsable des projets éducatifs d’étude de l’environnement au CNES, évoque son histoire de 20 ans avec le Vendée Globe.

Entre la voile et l’espace, les liens sont beaucoup plus étroits qu’on pourrait le penser. Tout au long du Vendée Globe, des femmes du spatial livrent leur journal de bord en lien avec la course légendaire. Dans cette cinquième page, Danielle de Staerke, responsable des projets éducatifs d’étude de l’environnement au CNES, évoque son histoire de 20 ans avec le Vendée Globe. 

Journal de Bord #5 - Danielle de Staerke

Aujourd’hui 17 décembre, quasiment 6 semaines en mer !  Kévin Escoffier et Jean Le Cam nous ont fait de sacrées émotions début décembre. La majorité des skippers file plein est entre les caps Bonne-Espérance et Leeuwin. C’est déjà la 6e édition que je suis avec passion depuis mon bureau à Toulouse. Je dois dire que j’ai une pensée particulière pour les 5 skippers qui ont accepté d’embarquer sur leur bateau les balises et les bouées Argonautica : Alexia Barrier, Arnaud Boissières, Didac Costa, Clarisse Cremer et Samantha Davies malgré son abandon. Et je ne suis pas la seule, plus de 500 classes dans toute la France se sont inscrites pour suivre avec nous cette édition du Vendée Globe !

Depuis l’origine, le Vendée Globe constitue un temps fort d’Argonautica. Ce programme pédagogique du CNES initie des élèves du primaire et du secondaire à l’océanographie et à la biodiversité marine en suivant des balises et des animaux équipés de balises Argos et en leur donnant accès à des cartes satellite. Pendant la course, « nos » skippers larguent la balise que nous leur avons confiée à un endroit convenu avec les élèves dans la zone équatoriale ou dans la zone subantarctique. Les classes peuvent ainsi suivre son évolution au gré des courants océaniques et des vents. Tout l’intérêt est d’avoir en même temps accès sur notre site à des ressources pédagogiques et à une masse d’informations océanographiques fournies par les satellites. Les classes peuvent aussi assister à des webinaires avec des scientifiques, et bien sûr elles reçoivent régulièrement des nouvelles des navigateurs. 

Cette année, nous avons également développé des bouées solaires équipées de capteurs. En plus de la localisation, elles donneront des informations sur la température et la salinité de l’eau, ou encore sur la lumière. Ces bouées qui seront ainsi testées pour la première fois en mer, permettront dans un second temps aux lycéens de développer leur propre bouée et de se familiariser avec la programmation en python. Autre nouveauté, nous proposons aux jeunes un challenge avec des quiz à partir des ressources en ligne auxquelles ils ont accès. 

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Clarisse lance sa balise après le passage de l'équateur. Crédits : Clarisse Crémer

A l’heure où j’écris ce journal, Clarisse Crémer est la première a avoir jeté sa balise à la mer, juste après avoir franchi l’équateur, puis Alexia Barrier a largué la sienne en direct sur internet à peu près dans la même zone. Les prochaines seront larguées plus au sud, dans la zone subantarctique. Avec un peu de chance, elles croiseront la route d’un animal que nous suivons dans Argonimaux, éléphant de mer ou manchot, comme il y a 4 ans. De toute façon, chaque édition du Vendée Globe fournit à Argonautica son lot de belles histoires. Je me souviens qu’en 2000, pour notre 1ère participation, Michel Desjoyaux avait oublié d’allumer sa balise avant de la larguer et avait fait des ronds dans l’eau pendant une heure pour essayer de la récupérer. Cela n’avait pas empêché le « professeur » de remporter la course quelques jours plus tard. C’est tout ce que je souhaite à nos skippers !

Je suis très fière que nous ayons cette année 3 femmes parmi nos skippers partenaires ! Je les admire beaucoup et j’ai peur pour elles quand je pense à ce qu’elles endurent seules au milieu de l’océan. Mais je les envie aussi d’être allées au bout de leur rêve !

Danielle de Staerke

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Claire Maraldi Crédits : DR

vous en voulez encore ?

Découvrez le Journal de Bord #4 de Claire Maraldi, responsable de l’altimétrie nadir sur surface océanique au CNES. #VG2020

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Danielle de Staerke Crédits : CNES

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Travail en classe sur le suivi des animaux. Crédits : CNES

A propos d’Argonautica

Argonautica est un programme pédagogique lancé en 1999 par le CNES, en partenariat avec des équipes scientifiques. Il propose aux élèves du primaire et du secondaire de découvrir les océans grâce à l’utilisation des données satellitaires Argos et Jason. Argonautica se décline en 3 volets : Argonimaux, pour étudier la biodiversité marine à partir du suivi d’animaux par satellite, Argocéan, qui permet de suivre les courants marins, et ArgoHydro qui s’intéresse aux influences des variations climatiques sur le cycle de l’eau.