16 Décembre 2004

Huygens fait le grand saut

6 mois après l’arrivée de Cassini-Huygens autour de Saturne, les scientifiques de la mission s’apprêtent à franchir une nouvelle étape. Comme un cadeau de Noël tombant du traîneau, le module européen Huygens sera largué le 25 décembre pour rentrer dans l’atmosphère de Titan 3 semaines plus tard. A la clé, une meilleure connaissance de ce satellite, seul connu dans le système solaire à disposer d’une atmosphère dense et composée de molécules organiques.
16 décembre 2004
Titan pourra-t-il nous révéler comment est apparue la vie sur Terre ?

Une vue un peu plus nette de Titan

Depuis son arrivée autour de Saturne le 1er juillet dernier, Cassini a déjà réalisé de nombreuses découvertes. Les 1ères images des anneaux ont révélé un monde extraordinaire, certaines laissant parfois croire à un canular tant elles étaient inattendues. La découverte de 2 nouvelles lunes par un jeune planétologue est un aussi succès majeur des scientifiques français, 1ère communauté présente sur la mission après les Américains.

Le 26 octobre dernier, Cassini a survolé pour la 1ère fois le satellite Titan. Depuis une altitude de 1 200 km, les images de la caméra et du spectro-imageur VIMS ont mis en évidence la surface de Titan avec une précision inégalée. Grâce à son radar, CASSINI a observé la surface du satellite à travers l’épaisse brume opaque qui la recouvre.

Et les résultats sont surprenants. A l’heure actuelle, les scientifiques reconnaissent avoir peu de certitudes concernant leurs interprétations. Une seule toutefois : le peu de cratères d’impact prouve que la surface est jeune et modelée par des processus encore actifs récemment.

A gauche : image de l’atmosphère de Titan prise par Voyager 2 lors du survol en 1981. Aucun détail de la surface n’avait pu être détectée à l’époque.
A droite : image de Titan prise par la caméra de Cassini lors du survol du 26 octobre dans une longueur d’onde où l’atmosphère est transparente. Des nuages de méthane sont visibles en blanc au bas de l’image. La nature des régions sombres et claires n’est pour l’instant pas encore comprise. L’absence de cratères d’impact indique que la surface de Titan a été remodelée peut être par une activité volcanique à basse température (cryovolcanisme).

Au total 44 survols de Titan sont envisagés tout au long de la mission. Le 2nd a eu lieu le 13 décembre. L’objectif : mesurer la densité de l’atmosphère afin, d’une part, de vérifier que Titan pourra être survolé à basse altitude, et d’autre part d’assurer que le modèle d’atmosphère utilisé pour Huygens est satisfaisant en vue de la rentrée du 14 janvier.

En attente de mesures in situ

Après l’observation à distance, voyons de plus près ce qui s’y passe… La sonde européenne Huygens, passager de Cassini, sera larguée le 25 décembre. Après une trajectoire balistique de près de 3 semaines, le module rentrera à la vitesse de 20 000 km/h dans l’épaisse atmosphère de Titan.

Pour assurer une arrivée en douceur, Huygens sera freiné par plusieurs parachutes, le 1er s’ouvrant à 180 km d’altitude. En quelques heures à peine, Huygens aura traversé des températures extrêmes, de 12 000 °C sous l’effet des frottements atmosphériques jusqu’à -200 °C lors de l’arrivée sur Titan.

La descente sous parachute devrait durer environ 2h15, au cours desquelles les instruments de la sonde réaliseront des analyses in situ des composés, comme les molécules carbonées et azotées et les aérosols. Parmi les mesures collectées, la détermination de la trajectoire de la sonde permettant de déduire la vitesse des vents, la rugosité et le type de surface, solide ou liquide, des prises de vue de la surface, des informations sur la transparence de l’atmosphère. 2 instruments couplés, dont un sous responsabilité française, permettront d’analyser la composition chimique et la structure de l’atmosphère.

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