18 Janvier 2007

Corot cerne les contours de l’anomalie de l’Atlantique Sud

Les équipes du CNES viennent tout juste d’achever la cartographie de l’environnement radiatif terrestre dans lequel Corot devra évoluer pendant toute la durée de sa mission, une donnée cruciale pour assurer aux données le niveau de qualité attendu.
18 janvier 2007

8 fois par jour, le satellite Corot plonge au beau milieu d’un nuage de protons émis par le Soleil au cours de ses éruptions régulières, et qui restent piégés dans le champ magnétique terrestre. Du fait d’une particularité du champ magnétique, ce nuage de particules s’approche le plus de la Terre dans une région située au large du Brésil, appelée « anomalie de l’Atlantique Sud ».

Lorsque Corot traverse cette région de l’espace, ses capteurs CCD peuvent être abusés par les impacts des protons solaires, particules électriquement chargées qui induisent un signal parasite.

Concrètement, les logiciels de traitement du signal voient arriver des électrons qui ne correspondent pas à l’impact d’un grain de lumière en provenance d’une lointaine étoile, mais d’un morceau d’atome issu de notre Soleil…

Le canal de Corot dédié à la recherche d’exoplanètes est particulièrement sensible à ces fausses détections, car les mesures sur chaque cible se font pendant 32 secondes, contre 1 seconde seulement pour le canal d’astérosismologie. Aussi, grâce au travail de cartographie qui vient d’être effectué, lorsque Corot traversera l’anomalie de l’Atlantique Sud en phase d’exploitation, le logiciel de traitement du signal tiendra compte de ces perturbations périodiques. Et au-delà d’un certain seuil, il interrompra tout simplement la mesure.

Préparer l’avenir et valider les modèles

Bien que l’anomalie de l’Atlantique Sud soit connue depuis longtemps, il était important de caractériser ses contours telle que perçue par les détecteurs de Corot. Pour Leonardo Pinheiro, ingénieur associé depuis 2003 au projet Corot dans le cadre de la participation brésilienne à la mission, « il s’agissait surtout de caractériser l’efficacité du blindage effectif contre ce flux de protons ».
Image d'un impact de proton sur un capteur CCD, acquise pendant un passage par l'anomalie.
Image d'un impact de proton sur un capteur CCD, acquise pendant un passage par l'anomalie.
De plus, la sensibilité des détecteurs CCD à ces flux de protons varie grandement d’une technologie à l’autre. Il était donc crucial de connaître précisément la réponse des capteurs CCD de nouvelle génération dont bénéficie Corot.

Guy Rolland, expert de l’environnement radiatif au CNES, porte lui aussi une attention toute particulière à ces données.
Elles vont en effet permettre d’affiner le modèle qu’il avait mis au point pour simuler ces perturbations liées à la traversée régulière de l’anomalie de l’Atlantique Sud. Leonardo Pinheiro tient à saluer le fait que « les données empiriques recueillies par Corot recoupent assez précisément les limites prévues par les modèles théoriques de départ. »

Corot, un projet multiculturel

Outre des moyens humains, la participation brésilienne à Corot se traduit par la mise à disposition de l’antenne d’Alcantara, au nord du Brésil, qui recueille une partie de la télémétrie de Corot, en attendant les données proprement dites.

De son séjour en France dans le cadre du projet Corot, Leonardo Pinheiro retiendra « une expérience culturelle très enrichissante tant sur le plan professionnel que personnel. C’est une grande chance de pouvoir travailler dans un environnement multiculturel comme celui du projet Corot, qui associe des ingénieurs et des chercheurs de différentes nationalités ».